Les soins de vos bébés prématurés et votre séjour à l'unité des soins intensifs néonatals.
En raison des nombreuses complications possibles, il se peut que vos bébés prématurés soient hospitalisés durant plusieurs semaines, voire plusieurs mois, à l’unité néonatale de l’hôpital après leur naissance. Au Canada, c'est environ 6,2 % des enfants uniques qui naissent avant terme (37 semaines). Ce chiffre grimpe à 57 % chez les jumeaux et à environ 95 % chez les triplés (Hôpital d'Ottawa, 2022).
Si vos bébés ne sont pas encore arrivés, nous vous encourageons à vous renseigner sur ce qui pourrait vous attendre lors des premiers semaines et mois. Les statistiques d'accouchement prématuré étant élevées lors de grossesses multiples, mieux vaut s'y préparer. Voici des défis auxquels vous pourriez faire face en lien avec la prématurité:
-
L’organisation en cas d’hospitalisation à l’unité néonatale de soins intensifs.
-
Prendre soin des enfants à besoins particuliers (souvent présents lors de prématurité).
-
Les complications désastreuses des virus et microbes.
-
Les impacts sur la famille comme le stress et la difficulté d'attachement.
-
Vivre son postnatal et le fameux 4ième trimestre à l'hôpital.
Les parents qui doivent rester plusieurs semaines en néonatalogie sont confrontés à de l'inconnu. Les circonstances dans lesquelles les bébés arrivent peuvent parfois être éprouvantes. Cela étant dit, les difficultés courantes qui ressortent le plus pendant le séjour à l'hôpital sont le fait de ne pas connaître le futur et de ressentir un sentiment d'impuissance face à l'arrivée précoce de vos enfants.
Sachez que les émotions que vous vivez sont toutes légitimes. Nous vous invitons à en parler avec des personnes qui ont déjà traversé le même chemin que vous, que ce soit des parents à votre hôpital ou via des groupes de soutien. Nous vous encourageons aussi à transformer votre tristesse et votre culpabilité en une énergie positive et à une participation active envers les soins de vos bébés.
LES STADES DE LA PRÉMATURITÉ
Le séjour à l'unité des soins intensifs néonatals n'est pas un passage obligé mais les statistiques parlent par elles-mêmes. Il est fréquent que les parents se retrouvent plusieurs semaines à l'hôpital et ne peuvent pas être dans le confort de leur foyer. Le tableau ci-dessous vous donne une idée de la moyenne de gestation en fonction du nombre de bébés que vous attendez.
La durée de votre séjour à l'hôpital dépendra de la précocité de la naissance de vos bébés, de leur poids et de l'existence ou non de complications médicales. Il va de soi que plus vos prématurés naissent tôt, plus ils passeront du temps en néonatalogie, car ils auront besoin davantage de soins.
Le site About Kids Health explique la prématurité de cette façon: « En général, plus l’âge gestationnel est jeune, moins le bébé est préparé pour le monde extérieur. Souvent, les bébés légèrement prématurés qui ont presque complété le temps de gestation habituel dans l’utérus n’auront pas besoin de soutien à la naissance (...) À l’opposé, les grands prématurés, qui n’ont passé que 25 semaines dans l'utérus par exemple, ont besoin d’un soutien très intensif à la naissance. » (About Kids Health, 2023).
Pour ce qui est du suivi de développement des bébés qui sont prématurés, il sera fait en fonction de leur âge dit corrigé (AC) versus leur âge réel (AR). L'âge réel est le temps écoulé depuis la naissance de l'enfant tandis que l'âge corrigé est l'âge qu'aurait l'enfant si celui-ci était né à 40 semaines de grossesse (ou le jour de la DPA, soit la date prévue d'accouchement). Cette donnée sera utilisée jusqu'à deux (2) ans par les différents spécialistes à l'exception des rendez-vous pour la vaccination où ce sera l'âge réel qui sera alors pris en compte.
L'ENVIRONNEMENT EN SOINS INTENSIFS NÉONATALS
Dépendamment de votre pays et de votre région, vous entendrez peut-être des termes différents pour désigner le service où vos bébés seront pris en charge. Il existe différents niveaux de soins qui peuvent évoluer en fonction de leurs besoins.
Pour ce qui est de l'unité des soins intensifs néonatals, celle-ci est composée de néonatalogistes et d'infirmières spécialement formés. De plus, on y retrouve différents spécialistes tels que:
-
Néonatalogiste
-
Infirmière-chef et assistante infirmière-chef
-
Infirmière praticienne en soins néonataux
-
Infirmière en néonatalogie
-
Résident
-
Fellow
-
Psychologue et travailleur social
-
Inhalothérapeute
-
Technicien de laboratoire
-
Consultante en lactation
-
Ergothérapeute et physiothérapeute
-
Pharmacien hospitalier
Pour plus d'informations et une description des rôles de chaque professionnel, visitez la page de Préma-Québec.
À l'intérieur de l'unité, préparez vous à entendre et voir différents appareils qui aideront vos petits à respirer et à se nourrir. Ces machines, parfois très bruyantes, peuvent effectuer plusieurs tâches dont :
-
Maintenir leur température corporelle à l'intérieur d'un incubateur. Vos bébés peuvent avoir un moniteur de température fixé sur leur peau;
-
Aider leur respiration par un ventilateur. Certains bébés ont besoin d’oxygène, tandis que d’autres peuvent souffrir d’apnée. Par mesure de sécurité, de nombreux bébés dorment sur des tapis qui déclenchent une alarme si le mouvement s'arrête. Ces dispositifs étant très sensibles, ils peuvent donc provoquer de fausses alarmes.
-
Alimenter ces derniers par perfusion intraveineuse ou via une sonde d'alimentation qui se trouve à être un tube traversant la narine et qui descend dans l’estomac, se fixant sur la joue (voir ci-dessous pour des explications des différentes sondes.)
Voici quelques appareils que vous pourriez retrouver dans leur chambre:
ALIMENTATION ET GAVAGE
Il existe un type d'alimentation appelé gavage, qui peut être administré via différentes sondes :
-
Sonde nasogastrique (tube est inséré par le nez jusqu’à l’estomac)
-
Sonde orogastrique (tube est inséré par la bouche jusqu’à l’estomac)
-
Sonde nasoduodénale (tube est inséré par le nez jusqu’à la 1ère partie de l’intestin grêle)
-
Sonde nasojéjunale (tube est inséré par le nez jusqu’à la 2ème partie de l’intestin grêle qui est le jéjunum
Pour ces quatre types de sondes d’alimentation, il n’est pas nécessaire d’avoir une chirurgie. Par ailleurs, dépendamment de la santé du bébé prématuré, du temps dont le gavage serait nécessaire et du risque d’aspiration de la nourriture vers les poumons, une sonde gastrostomie endoscopique percutanée (GEP) ou une jéjunostomie endoscopique percutanée (JEP) pourrait être installée en salle d’opération. Pour plus de détails sur ces deux dernières sondes, nous vous invitons à consulter le lien du CHU Sainte-Justine juste ici.
Le gavage peut être utilisé pour des bébés prématurés nés en bas de 34 semaines de gestation, des enfants malades ou qui sont dépendants de la ventilation assistée et dont le réflexe de succion et/ou de déglutition est absent ou diminué. Même si les signaux de faim d’un bébé prématuré sont les mêmes qu’un bébé à terme, le prématuré ne démontrera pas ces signaux aussi souvent qu’il devrait pour boire et grandir. C'est pour cette raison que le gavage est utilisé pour les nourrir; ces derniers n’ont pas encore atteint la maturité de se réveiller et de téter à chaque boire lorsqu’ils ont faim.
Le but du gavage est d’alimenter le bébé et de favoriser sa croissance, ainsi que son développement optimal. Autrement, il peut être un complément à l’allaitement ou au biberon si le bébé se fatigue rapidement lors des boires.
À l’unité néonatale, on apprend aussi aux parents la méthode surnommée pacing ou pace feeding. C'est une manière d'offrir le biberon aux bébés prématurés. Si vous désirez allaiter, il est possible d’offrir le lait maternel exprimé par maman de cette manière jusqu’au jour où les bébés seront en mesure d’explorer la prise du sein.
APPRIVOISER LA MONTAGNE RUSSE D'ÉMOTIONS
Séjourner à l'unité néonatale peut être déstabilisant, particulièrement au tout début. Vos bébés ne seront pas les seuls à être fragiles! Sachez que vous serez aussi confrontés à une montagne d'émotions : culpabilité, colère, choc, impuissance, injustice ou tristesse.
Vous pourriez être surpris de voir à quel point vos bébés sont petits lorsque vous les rencontrez pour la première fois. Ils peuvent être d’apparence très fragile, avec des poils fins et des vaisseaux sanguins visibles. Si l'un de vos bébés est très malade ou dans une situation précaire, vous ne pourrez peut-être pas le tenir dans vos bras jusqu'à ce son état soit plus stable. Au fur et à mesure qu’ils grandissent et se développent, le personnel néonatal peut vous aider à tenir, à réconforter et à nourrir vos bébés.
Parfois, l’état de santé ou les besoins médicaux de l’un de vos bébés peuvent changer. Cela peut signifier qu'un bébé peut être admis dans l'unité néonatale ou être transféré dans une autre unité, tandis que le ou les autres bébés peuvent rester à la pouponnière, ou encore obtenir leur congé de l'hôpital. Cette situation peut être difficile pour l'organisation familiale.
N'hésitez pas à alterner les heures des boires et de partager les soins entre vous et votre partenaire ou d’autres membres de votre famille. Cela vous aidera à passer du temps avec vos bébés (et vos autres enfants), en plus de permettre à d’autres de participer également à leurs soins.
NOS 10 CONSEILS POUR FACILITER VOTRE PASSAGE À L'USIN
01
S'informer. Pendant votre grossesse, demandez à visiter l’unité néonatale à l'hôpital où vous devez accoucher afin d'y rencontrer les professionnels et vous familiariser avec l’environnement ainsi que les différentes machines présentes. Les soins intensifs néonatals pourraient vous intimider avec leurs bruits et leurs appareils, mieux vaut donc avoir une idée avant d’accoucher!
02
S'impliquer. Soyez présents lors de la tournée médicale quotidienne durant laquelle on y établit un plan pour vos nouveaux-nés. Il est possible que vous puissiez ressentir de l’impuissance et que vous ne pouvez rien faire pour aider vos bébés, mais n’oubliez pas que VOUS êtes les parents et que vous êtes les meilleurs protecteurs de vos bébés. De plus, restez en contact avec vos bébés et visitez-les dès que possible après la naissance, même si vous devez le faire depuis votre lit ou un fauteuil roulant. Essayez de contribuer à leurs soins si cela est possible; les infirmières pourront vous guider et vous montrer comment.
03
Poser des questions. N'hésitez pas à demander des explications supplémentaires ou des clarifications. Chaque question est pertinente!
04
Demander à avoir un médecin primaire et quelques infirmières primaires. Il peut y avoir beaucoup de roulement de personnel aux soins intensifs néonatals, d’où l’importance d’avoir un médecin primaire qui aura le dernier mot sur certains traitements ou décisions à prendre et pourra ainsi, assurer un suivi adéquat de vos bébés. Il est important de choisir du personnel avec qui vous êtes le plus à l’aise et de leur demander leur accord. Pour ce qui est des infirmières, le fait d'en avoir une attitrée à chaque bébé peut aider à une meilleure continuité des soins puisque ces dernières connaitront bien vos bébés. Elles seront en mesure de poser des interventions plus adaptées.
05
Parler à d’autres parents de prématurés. Demander à votre médecin primaire de vous présenter un autre couple qui vit les mêmes défis que vous sur l’unité. Cela aide grandement d’échanger avec des parents vivant la même réalité, et qui peuvent vous encourager et vous préparer un peu pour la suite du séjour à l’hôpital.
06
Tenir un journal quotidien pour chaque bébé. Vous pourrez y noter des conseils ou des questions de tout genre. Cela vous aidera à suivre les progrès individuels des bébés et vous serez des experts lors de votre retour à la maison! Lorsque vous êtes loin de vos bébés et que vous appelez pour prendre des nouvelles, vous pouvez y noter ce qui est arrivé en votre absence. Notez-y également chaque étapes importantes en téléchargeant ces petits cartons.
07
Contrôler ses émotions et prendre un jour à la fois. Il peut être très difficile d'apprendre à devenir parents devant deux ou trois incubateurs. Avoir un bébé prématuré est difficile, en avoir deux ou trois d’un coup l’est encore plus! Il est possible de ressentir des émotions conflictuelles puisqu’il se peut qu’un de vos bébés ait mieux, mais que l’autre ou les deux autres aient des difficultés cette journée-là. Beaucoup de choses peuvent changer quotidiennement et il peut être difficile de naviguer à travers les différentes émotions. Cela étant dit, lorsque vous êtes avec vos petits, vous devez essayer de contrôler vos états d'âme. Soyez forts pour eux car lorsque vous les touchez, ils ressentent vos émotions et ils ont besoin de votre force afin de passer au travers.
08
Avoir un bon réseau de support. N'hésitez surtout pas à demander à votre entourage de vous aider pendant votre séjour à l'hôpital. Rappelez-vous que chaque geste compte et que cette période est temporaire.
09
Se reposer. Vous devez être prêts lorsque vos petits retourneront à la maison. Même si vous ressentez de la culpabilité lorsque vous les laissez seul, prenez du temps pour vous. Profitez-en pour récupérer de votre accouchement. Vos petits ont besoin de parents reposés.
10
Protéger vos bébés des infections. Les bébés prématurés sont très fragiles et un petit virus peut être très grave s’ils l’attrapent. Tout d’abord, lavez-vous toujours bien les mains, portez des vêtements propres et essayez d’avoir un bon système immunitaire afin de ne pas tomber malade. Le personnel conseille souvent que si vous êtes malades, évitez de venir les visitez ou du moins de porter un masque. Ce conseil vient rejoindre le #9 qui est de vous reposer. Si vous accumulez de la fatigue, vous serez plus à risque de tomber malade.
QUAND IL FAUT RENCONTRER SES BÉBÉS PLUTÔT QUE PRÉVUE
Elliot et Nathan sont nés en césarienne d’urgence un samedi matin. 8h33 pour mon bébé 1, 8h34 pour bébé 2. Ils avaient 35 semaines, 0 jours de gestation. Ils ont été amenés directement en néonatalité, puisque l’état de Nathan nécessitait des soins. En raison de la médication donnée pour effectuer la césarienne d’urgence, j’ai finalement rencontré mes bébés aux alentours de 17h, le soir de l’accouchement.
Je me souviens encore très bien de Nathan, dans l’incubateur, branché à une panoplie de machines qui vérifiaient chaque changement dans son état général. Il avait de l’aide respiratoire, un tube de gavage, un capteur au pied, des fils partout. Les machines sonnaient pratiquement tout le temps. Bref, aucun contact physique n'est possible à ce moment. Juste ma main, qui prend la sienne, si petite, dans un trou d’incubateur. C’est ainsi que je me suis présentée à mon bébé, complètement perdue dans ce monde inconnu de la parentalité et de la néonatalité. Nathan a finalement passé 4 semaines en néonatalité à Trois-Rivières avant d’être transféré au CHUL de Québec pour 1 semaine. La veille de la fête des mères, nous avons enfin quitté le CHUL avec notre bébé, après 5 semaines dans les rouages de la néonatalogie.
Ce n’est pas ce que j’imaginais de ma première rencontre avec mes jumeaux, des premiers moments en famille. J’aurais tellement aimé qu’on m’y prépare, qu’on aborde le sujet avec moi. Qu’on m’explique à quoi m’attendre si un séjour en néonatalogie était envisagé. Encore aujourd’hui, 2 ans et demi plus tard, c’est un sujet sensible, difficile à aborder pour moi.
En tant que maman de jumeaux ayant vécu le passage par la néonatalité et travailleuse sociale en périnatalité, j’ai envie de vous dire que ce ne sera pas facile. Vous allez vivre une panoplie d’émotions contradictoires, vous allez osciller entre l’espoir et le désespoir. Toutes ces émotions sont normales et légitimes.
Heureusement, vous allez être accompagnés par des professionnels attentionnés, qui ont à cœur le bien-être de vos bébés. N’ayez pas peur de prendre votre place. Vous allez avoir l’impression que le personnel connaît mieux vos enfants que vous par moment, mais ce sont tout de même vous les parents. Posez des questions, immiscez-vous dans les discussions médicales qui concernent vos bébés. Demandez des explications et des clarifications, nommez votre point de vue, vos désirs, vos inquiétudes.
Prenez le temps de lire vos droits, ils sont tellement importants et vont vous aider à prendre des décisions. Informez-vous pour connaître les services qui sont à votre disposition : travailleur social, psychologues, consultante en lactation, etc. Mieux vous serez outillés et informés, plus il sera facile pour vous de prendre votre place dans ce monde et d’accompagner vos bébés!
LES SOINS DU DÉVELOPPEMENT
Les soins du développement représentent une approche de soins individualisés visant le développement optimal des nouveaux-nés malades ou prématurés admis en unité néonatale.
Ces soins regroupent l'ensemble des techniques environnementales et comportementales mises en place afin de réduire le stress du nouveau-né et d’assurer sa neuroprotection (protection du cerveau). Les soins de développement sont effectués dans le but d'offrir aux bébés les meilleures conditions pour qu’ils poursuivent leur développement dans un contexte de soins centrés sur la famille.
VOTRE PARTICIPATION EST PRIMORDIALE
Pour favoriser la création du lien, le parent peut participer activement, en partenariat avec l’infirmière, aux changements de couches, au bain et au positionnement de ses bébés. Pour plus de détails sur ces soins et leurs méthodes, se référer aux liens des fiches explicatives pour les parents (juste ici).
Voici des exemples de bénéfices des soins du développement chez les bébés:
.
-
À court terme:
-Diminution des bradycardies, des tachycardies et des apnées.
-Diminution des mouvements de trémulations (tremblements) et des signes d’irritabilité.
-Stabilisation de la tension artérielle et de la saturation en oxygène.
-Augmentation de la qualité du sommeil.
-
À moyen terme:
-Diminution de la durée d’hospitalisation, de la durée de ventilation et de la durée d’oxygénation. Diminution des complications médicales et du nombre de jours avec une sonde gastrique.
-Amélioration de la croissance et du sommeil.
-Amélioration des comportements et du neurodéveloppement : tolérance au stress, meilleure capacité d’attention et meilleur fonctionnement moteur.
-
À court terme (3 à 15 ans) :
-Amélioration du développement neurologique, de l’attachement parent-enfant et de la qualité de vie des enfants et des familles.
-Diminution de la sévérité des dommages cérébraux et handicaps majeurs.
Il y a aussi des bénéfices pour les parents! On parle ici de diminution du stress sur la famille, de l'amélioration de l’interaction entre la mère et l’enfant, du lien d’attachement parents-enfants, du contact visuel et physique entre la mère et l’enfant et de la confiance des parents dans leurs compétences parentales.
Voici un résumé de Madame Mathilde Lenoir, infirmière clinicienne du NICU au Montreal Children’s Hospital (Quebec, Canada) en lien avec le développement des sens et les stratégies de protection:
LE TOUCHER
C’est le premier sens à se développer dans le ventre de la mère. Le fœtus est soumis à une pression enveloppante et constante du liquide amniotique et de l’utérus. Le fœtus développe son sens du toucher grâce, entre autres, à l’agrippement du cordon ombilical et en touchant son visage avec ses mains.
Pour protéger ce sens, une fois admis à l’unité néonatale, l’équipe soignante essaie le plus possible de reproduire les conditions de la vie intra-utérine:
-
Création d’un « cocon » qui entoure le bébé.
-
Imitation de la position fœtale avec les membres regroupés et les mains touchant le visage.
-
Donner au bébé la possibilité d’agripper le doigt du parent ou d'une doudou.
-
Poser une main sur son corps pour reproduire la pression du liquide amniotique plutôt que de caresser la peau qui est une sensation peu agréable et inconnue pour lui.
L'ÉQUILIBRE
L'équilibre est le deuxième sens à apparaître pendant la grossesse car le fœtus est en apesanteur dans le liquide amniotique. Ce sens est mature au terme de la grossesse, le bébé peut donc être particulièrement sensible lors des changements de position, par exemple, lorsqu’on le soulève du matelas pour la pesée ou pour l’installer dans les bras du parent.
Méthodes de protection :
-
Faire les changements de position en faisant rouler le bébé à l’aide des draps.
-
Lors de la méthode kangourou, venir chercher son enfant dans le lit en collant son torse contre lui et s’installer ensuite dans le fauteuil (seulement si le parent se sent en confiance).
L'ODORAT
L'odorat est bien développé dès la 24e semaine de grossesse. Le fœtus apprécie l’odeur du liquide amniotique. Ainsi, à la naissance il reconnaîtra l’odeur du lait maternel et l’odeur corporelle de sa mère qui se rapprochent beaucoup de celle du liquide amniotique.
Méthodes de protection/ stimulations positives :
-
La méthode kangourou ou le peau à peau.
-
Éviter de mettre du parfum, c'est une odeur inconnue et souvent forte pour le nouveau-né.
-
Placer un foulard imprégné de l’odeur corporelle du parent (sans parfum) près du visage du bébé. Ainsi il percevra l’odeur parentale durant ses périodes d’éveil.
-
Placer une compresse imbibée de lait maternel à côté du visage du bébé.
LE GOÛT
Le goût est pleinement mature vers la 30e semaine de grossesse. Le fœtus, en avalant le liquide amniotique, goûte déjà aux quatre saveurs universelles : sucré, salé, amer et acide. Ce goût varie en fonction de l’alimentation de la mère. Le fœtus a toutefois une affinité particulière pour le sucré.
Méthodes de protection/ stimulations positives :
-
Déposer une à deux gouttes de lait maternel sur la suce. La suce, associée au lait maternel ou au sucrose (solution sucrée), a pour effet de diminuer la douleur du nouveau-né grâce à la libération d’endorphines au niveau du cerveau.
-
Lors de l’initiation de l’allaitement, le goût du lait maternel rappelle au nouveau-né le goût du liquide amniotique.
L'OUÏE
Autour de la 32e semaine, le fœtus peut entendre les sons extérieurs tels que la voix de sa mère, de son père, ainsi que les bruits environnants. Dès sa conception, il est bercé par les bruits digestifs, circulatoires et cardiaques de sa mère.
Méthodes de protection/ stimulations positives :
-
La méthode kangourou: une fois né, être collé en peau à peau contre sa mère est rassurant pour le bébé car il reconnaît ces bruits si familiers et se sent donc en sécurité. Il reconnaît aussi la voix grave de son père qui traverse plus facilement les parois de l’utérus.
-
Chuchoter à proximité du bébé pour éviter la surstimulation de ce sens même si ce dernier se trouve dans un incubateur. En effet, l’incubateur n’atténue pas autant les bruits que les parois de l’utérus.
LA VUE
La vue est le dernier sens à se mettre en place. Il faut attendre entre la 32e et la 37e semaine de grossesse pour que les structures qui permettent la vision soient pleinement fonctionnelles. Un bébé né à terme voit seulement en noir et blanc et à une distance d’environ 20 cm. Le prématuré a une vision imprécise et floue et est plus attiré par la forme des visages familiers qui sont proches du sien. Il faut donc se placer proche de lui pour qu’il puisse nous voir.
Méthodes de protection :
-
Couvrir ses yeux avec une main ou une couverture pour le protéger de la lumière lors des soins ou examens.
-
Placer un couvre-isolette sur l’incubateur pour garder le prématuré dans l’obscurité et reproduire le plus possible l’environnement de l’utérus.
-
Tamiser l’éclairage de la chambre lors des périodes de kangourou afin que le bébé puisse ouvrir les yeux sans être incommodé et qu'il puisse entrer en communication visuelle avec son parent.
LE DÉVELOPPEMENT DES MUSCLES
Il existe deux types de muscles, les muscles extenseurs qui permettent de tendre un membre et les muscles fléchisseurs qui permettent de fléchir un membre. Durant la grossesse, les muscles extenseurs sont les premiers à se développer, le fœtus a beaucoup de place dans l’utérus donc il peut garder les jambes et les bras tendus. Au troisième trimestre de la grossesse, il commence à se sentir à l’étroit et s’entraîne donc à plier ses membres, ses muscles fléchisseurs se développent ainsi.
Le bébé prématuré n’a donc pas pu développer ces muscles fléchisseurs autant qu’un bébé né à terme. C’est pourquoi il a besoin d’aide pour maintenir une position fœtale où les quatre membres sont regroupés (mains au visage et genoux proches de l’abdomen). On place donc, autour de lui, des rouleaux de couverture pour l’aider à maintenir une position fléchie sécurisante pour lui. Ceux-ci procurent également un enveloppement corporel similaire à la sensation qu’il ressentait dans le ventre de sa mère.
Il est important de savoir qu’un bébé né à terme mais qui nécessite d’être admis en néonatalogie a également besoin de ces limites physiques car il ne dispose pas de l’énergie nécessaire pour maintenir une position fléchie. Il se concentre à maintenir ses signes vitaux stables pour assurer sa survie.
LA MÉTHODE KANGOUROU
La méthode kangourou est le seul soin qui relève exclusivement de la compétence parentale. Elle consiste à prendre son bébé en peau à peau le plus tôt possible après la naissance et à répéter ces séances aussi souvent et aussi longtemps que le permet l’état du bébé. Cette méthode est recommandée pour tous les nouveaux-nés, à terme ou prématurés et peut être poursuivie à la maison.
Placé en peau à peau contre sa mère, le bébé retrouve des sensations familières telles que l’odeur, les battements cardiaques et la voix de sa mère. La méthode kangourou a donc pour effet d’apaiser le nouveau-né tout en lui assurant le maintien de sa température. Elle doit être pratiquée pour un minimum de 60 minutes afin de permettre au bébé d’atteindre le sommeil profond, essentiel pour son développement.
La méthode kangourou apporte de nombreux bienfaits dont voici des exemples :
-
Amélioration des signes vitaux (rythme cardiaque/respiratoire, diminution des apnées et besoins en oxygène).
-
Amélioration de la tolérance digestive (si possible combiner la séance de peau à peau avec les horaires de repas lorsque le bébé est nourri par sonde gastrique).
-
Amélioration du sommeil.
-
Diminution du stress et de la douleur lors de procédures comme une prise de sang (effectuée pendant le peau à peau).
-
Diminution du nombre de jours d’hospitalisation.
-
Amélioration de l’interaction parent-enfant.
-
Amélioration de la production de lait maternel.
LA COMMUNICATION AVEC SES BÉBÉS
L’importance de parler à ses bébés afin de favoriser le développement du langage n’est plus à prouver mais il est parfois difficile de savoir quoi dire. C’est pourquoi des programmes existent dans certaines unités néonatales où des livres sont offerts aux familles afin de promouvoir le développement de la communication et la création du lien avec son bébé. Faire la lecture à son enfant lui permet aussi d’entendre la voix si familière de ses parents.
UNE TRANSITION IMPORTANTE
Lorsqu’on commence à vous parler d’un congé possible qui approche pour vos deux ou trois bébés, cela peut générer encore une fois des émotions conflictuelles. Il se peut que vous ayez passé plusieurs jours, semaines, et même des mois à l’hôpital et que vous rêviez du jour où vous allez être réunis en famille pour la première fois. Nous comprenons ce désire depuis leur naissance d'être dans le confort et l’intimité de votre foyer!
D'un autre côté, certains parents peuvent ressentir certaines inquiétudes lorsqu’il est temps de penser à ramener les bébés à la maison. Même si votre séjour en néonatalogie fut difficile, vous étiez bien entourés! Il est donc normal d'avoir certaines appréhensions.
Afin de rendre la transition plus facile, vous pouvez mettre plusieurs choses en place. Sachez que le personnel des soins intensifs néonatals donnera congé aux bébés seulement s’il juge que c’est sécuritaire et que vous, les parents, êtes prêts.
Voici quelques conseils pour rendre votre transition plus douce:
-
Parlez au personnel de l’unité ; ces derniers pourront vous aider à vous habituer à la nouvelle routine et vous expliquer comment vous assurer de passer du temps avec chacun de vos bébés.
-
ll n'est pas rare que les multiples soient prêts à sortir à des moments différents. Cependant, si cet écart est susceptible d'être assez court, l'on pourrait peut-être vous proposer de les garder ensemble, ce qui peut alléger votre organisation. Dans tous les cas, n'hésitez pas à faire part de vos préférences et vos besoins à l'équipe médicale.
-
Planifiez en conséquence un horaire pour les visites en néonatalogie et pour ceux qui s'occuperont de la fratrie. Cela peut être une période déroutante pour les parents, car il peut être très difficile de laisser un bébé à l’hôpital, spécialement sans son ou ses co-jumeau(x).
-
Profitez des moments seul avec un des bébés car même si c'est difficile, une courte séparation vous donnera l'occasion leur porter une attention individuelle. Rares sont les fois où vous aurez l'opportunité, donc on reste positifs !
-
Avant de partir de l’hôpital, nous vous recommandons de pratiquer la routine quotidienne des soins comme si vous étiez à la maison, sans aucune aide des infirmière pour vous mettre davantage en confiance.
-
Pensez à votre organisation et aménager votre environnement en conséquence. Avec deux ou trois bébés qui auraient peut-être besoin de plusieurs médicaments, du gavage, de l’oxygène, d'un moniteur de saturation ou d'autre appareil, il pourrait être facile de s'y perdre.
LE GRAND RETOUR À LA MAISON
Avant le retour à la maison, faites un gros ménage et aérer bien la maison. Vérifiez si vous avez tout ce qu'il vous faut en vérifiant avec nos listes ou encore avec d'autres parents! Prévoyez une protection supplémentaire pour vos coussins et fauteuils ... ou enlevez tout simplement vos tapis si nécessaire. Vous éviterez ainsi de la lessive supplémentaire lors des premiers mois, lors i vos bébés ont du reflux, !
Le personnel de l’hôpital devrait vous donner un horaire des boires avec les médicaments à suivre à l'hôpital. Il sera conseillé de chronométrer ces boires et de devoir réveiller vos bébés à la même heure ou avec un petit temps d’intervalle. Les laisser aller à leur rythme pourrait faire en sorte que vous n'obtiendrez que peu de repos. Lorsque vous revenez à la maison, revoyez cet horaire et ajustez-le au besoin.
Pour ce qui est de la préparation des médicaments, il est pratique de les préparer une fois par jour si possible et de les garder au réfrigérateur (consultez votre pharmacien). Vous pouvez les disposer dans un bac identifié pour chacun de vos petits car le dosage peut varier d’un bébé à l’autre.
Demander de l'aide pour vous accompagner aux rendez-vous médicaux. Même si vous avez obtenu votre congé, il se peut que vous devriez retourner plusieurs fois à l’hôpital sur une base hebdomadaire pour les multiples suivis (ex : pédiatre de la clinique néonatale, le physiothérapeute, l’ergothérapeute, la nutritionniste, l’ophtalmologue, etc).
Cela peut être très fatigant pour vous ET vos bébés puisque le tout nécessite beaucoup d’organisation. Si vous avez une personne de plus qui peut être présente lors des sorties, cela aidera à rendre les visites moins chaotiques et vous pourrez vous concentrer lorsque viendra le temps de parler au professionnel.
Les premiers mois peuvent être très éprouvants dû à la fatigue et aux tourbillons d'émotions que vous vivrez. Visitez nos pages sur le soutien postnatal et la vie de couple pour quelques conseils en lien avec cette période si particulière. Pour être bien outillé sur les sommeil de vos prématurés, jetez un coup d'œil sur notre cours en ligne.
LIENS INTÉRESSANTS À CONSULTER:
Source: Fondation pour Bébés Prématurés Canadiens
Sources :
-
A parent's guide to neonatal care for twins, triplets and more. Twin Trust, consultée le 10 juillet 2023.
-
À propos des bébés prématurés. About Kids Health, 2023, page consultée le 2 septembre 2023.
-
Être parent à l’unité néonatale. Tisser des liens pour la vie. Marie-Josée Martel et Isabelle Milette. Editions du CHU Ste Justine
-
Hôpital d'Ottawa. Grossesse Multiple. www.ottawahospital.on.ca/fr/
-
Isabelle Milette, Marie-Josée Martel et Margarida Ribeiro da Silva. Les soins du développement. Assurer la neuroprotection des nouveau-nés. 2ème édition.
-
Ladewig, P. A., London, M. L. et Davidson, M. R. (2010). Soins infirmiers en périnatalité. Saint-Laurent : ERPI Éditions.
-
Louis, Sylvie. Le grand livre du bébé prématuré. 2010. Éditions Univers Parents. 578 pages
-
Site web de Préma-Québec, consultée le 28 août 2023.