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La réduction embryonnaire et l'interruption volontaire en contexte de grossesse multiple.

En collaboration avec Shanie Lapointe, B.Sc.

Une certaine facilité d'accès aux traitements de fertilité et l'augmentation des grossesses à un âge plus avancé ont significativement fait croître le nombre de grossesses de jumeaux et de triplés au cours des 40 dernières années.En fait, les personnes ayant eu recours à une clinique de fertilité pour concevoir ont 20 fois plus de chances de vivre une grossesse multiple comparativement à celles ayant conçu naturellement.

Cette augmentation entraîne un plus grand nombre de situations où des parents doivent réfléchir à la possibilité d'une réduction embryonnaire : une procédure qui consiste à interrompre volontairement le développement d'un ou de plusieurs fœtus dans le cadre d'une grossesse multiple.

Réalisée au premier trimestre de la grossesse, cette intervention vise à réduire les risques médicaux associés à une grossesse de haut rang (trois fœtus ou plus), tant pour la santé de la mère que celle des bébés. On distingue deux contextes principaux :

  1. La réduction embryonnaire (RE) : lorsque l'intervention est pratiquée en raison du nombre élevé de bébés conçus.
     

  2. L'interruption sélective de grossesse (ISG) : lorsque l'un ou plusieurs des fœtus présentent une malformation congénitale grave ou une condition incompatible avec la vie.
     

Bien que ses bienfaits médicaux soient documentés, la réduction embryonnaire demeure une procédure émotionnellement éprouvante. Elle peut avoir un impact psychologique important pour les parents qui la considèrent ou qui y ont recours.

L'équipe tient à remercier Shanie Lapointe et Jean Kollantai de l'organisme CLIMB pour leur précieuse collaboration dans l’élaboration de cette page.

COMMENT PRENDRE MA DÉCISION: QUELS SONT MES CHOIX?

Afin de prendre la décision qui fera du sens pour vous, votre couple et votre famille, il faut d'abord prendre le temps d'absorber la nouvelle.

 

Lorsqu'elle est inattendue, l'annonce d'une grossesse multiple peut représenter un choc, car elle bouleverse les attentes que vous aviez pour votre vie familiale. Cela est encore plus vrai lorsque la grossesse est le fruit de longs mois, voire d'années de démarches en clinique de fertilité.

Ensuite, il est important de rassembler toutes les informations propres à votre situation. Certains parents sont confrontés à une combinaison de RE et d'ISG, par exemple lorsqu'ils attendent des quadruplés dont deux partagent le même sac amniotique et présentent une anomalie grave comme l'anencéphalie. D'autres ont dû prendre la décision difficile d'interrompre la grossesse complète, lorsque les deux bébés présentaient une malformation létale ou une condition menaçant la vie de la mère.

Dans tous les cas, préparez votre rencontre avec l'équipe médicale pour bien comprendre toutes les options qui s'offrent à vous, ainsi que les risques, les avantages et les conséquences de chaque choix — y compris celui de ne rien faire. Exprimez vos limites et les valeurs qui influencent votre réflexion : cela facilitera le dialogue avec les professionnel·le·s. Il est également essentiel d'écouter votre intuition. Il n'y a pas de bonne ou de mauvaise réponse : il y a une décision qui fait du sens pour vous.

Chaque centre hospitalier a ses propres protocoles. Mais quelle que soit la procédure recommandée, elle touche à votre histoire personnelle et doit être abordée avec respect, dans toutes ses dimensions : émotionnelle, éthique, médicale et familiale. 

 

Voici les options qui peuvent s'offrir aux parents dans une grossesse de trois fœtus ou plus :

LES IMPACTS D'UNE TELLE DÉCISION

La réduction embryonnaire peut être un événement difficile à vivre. Pour arriver à prendre une décision, il est important de prendre en compte les risques et les avantages d’y avoir recours. 
 

Les risques:
 

  • Le taux de fausse couche est légèrement augmenté en bas de 24 semaines de grossesse et varie selon l’expérience de la personne responsable de la manœuvre.
     

  • Vivre une détresse psychologique suite à l’intervention: culpabilité, tristesse, regret, deuil, etc.
     

Les avantages: 

  • Diminue le risque de perte de grossesse, de complications périnatales, d’accouchement prématuré, de césarienne, de bébé de petit poids à la naissance et de décès néonatal.
     

Évidemment, faire un choix ne se résume pas à faire le décompte et à choisir la liste la plus courte. Il est important de prendre en compte l’aspect émotif de ses avantages et risques afin de mesurer les éléments qui sont les plus significatifs pour vous et ceux qui auront le moins d’effet négatif sur vous et votre situation.

 

Afin de prendre la décision qui fera du sens pour vous, votre couple et votre famille, il faut tout d’abord prendre le temps d’absorber la nouvelle. C’est un choc puisque c’est un déséquilibre de ce que vous vous étiez imaginés comme déroulement. Particulièrement lorsque l’aboutissement de cette grossesse multiple est le fruit de longs mois, voire d’années de démarches en clinique de fertilité.

​Ensuite, il est important de prendre toutes les informations reliées à votre situation. Certains sont confrontés à une combinaison de la réduction embryonnaire (RE) et de l'interruption sélective de grossesse (ISG). Par exemple, un couple qui attend des quadruplés dont deux partagent le même sac amniotique et et qui sont atteints d’une anomalie telle que l’anencéphalie. Dans d'autres cas, certains ont dû prendre la décision difficile d’interrompre la grossesse au complet, lorsque les deux bébés présentaient une malformation létale, ou lorsqu’une condition menaçait non seulement la viabilité des bébés, mais aussi la vie de la mère.

 

Dans tous les cas, préparez votre rencontre avec l’infirmière ou la-le médecin pour bien comprendre toutes les options qui s’offrent à vous, ainsi que les risques et avantages de chaque méthode et les conséquences entraînées par le choix de rien faire. De cette façon, vous aurez un portrait complet de la situation.

 

Si vous vous en sentez à l’aise, exprimez vos limites et de ce qui influence votre choix afin de bien faire comprendre au professionnel-le que votre décision est le fruit d’une réflexion et pour faciliter le dialogue avec celui-ci. Il est également essentiel que vous vous posiez les bonnes questions et surtout d’écouter la réponse que votre petite voix intérieure murmure ... il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse, mais bien une décision qui fait du sens pour vous et votre situation. 
 

Chaque lieu qui pratique la réduction embryonnaire a ses protocoles et ses façons de faire en tenant compte du personnel, la rapidité d’action et le bien-être corporel des patient-e-s. Toutefois, cet évènement fait partie de votre histoire, de votre vécu et ne s’inscrit pas uniquement sous une perspective biomédicale. C’est dans votre droit de poser vos questions et demander à être respecté-e selon vos choix, vos valeurs et ce que vous déterminez être le mieux pour vous. 

Même si la perte a lieu durant la grossesse ou peu après l’accouchement, il n’est pas rare que les parents aient déjà créé un lien affectif très fort avec leur bébé et que la perte soit dévastatrice et ce, peu importe le stade de la grossesse.

-Shanie Lapointe, doula à la fertilité, deuil périnatal et interruption de grossesse

Enfin, le manque de reconnaissance sociale du deuil périnatal, ainsi que le malaise d’aborder ce sujet délicat font en sorte que les parents ne savent pas à qui s’adresser et ressentent un grand sentiment d’isolement.

Cela étant dit, il est possible de vivre une gamme d’émotions contradictoires suite à la réduction embryonnaire. En effet, il peut y avoir un sentiment de perte pour un ou des bébés, tout en conservant la joie de porter ou d’avoir mis au monde un ou des bébés. La montagne russe d’émotions peut également être due au changement du projet parental: passer d’une marmaille composée de jumeaux plutôt que de triplés ou d’un enfant unique au lieu d’un couple de jumeaux modifie drastiquement la projection de sa famille et ce, de façon positive pour certains aspects et plus difficile pour d’autres. Enfin, même lorsque la réduction embryonnaire est faite volontairement, elle peut être difficile à assumer. 

Il est important de trouver le temps de le vivre et de s’occuper des émotions que la perte suscite en vous. Pour beaucoup de personnes, parler du foetus/du bébé disparu avec une personne de confiance et faire un rituel sont des façons qui aident à traverser cette période difficile. Les rituels sont très différents selon les valeurs, croyances et personnalités de chacun-e: un tatouage, une cérémonie, un enterrement, planter un arbre, écrire une lettre à son bébé sont quelques exemples.

RECEVOIR L'ANNONCE D'UN DIAGNOSTIC DE MALFORMATION 

Sous un regard médical, les grossesses multiples sont jugées à risques pour les bébés, entre autres à cause des taux plus élevés de décès intra et extra-utérin. Par exemple, le taux de fausse couche est jusqu’à deux fois plus élevé que lors des grossesses uniques. Aussi, les bébés sont plus susceptibles d’être porteurs de malformations congénitales, qui impactent la santé de l’autre ou des autres bébés qui partagent le même utérus. D’ailleurs, ces diagnostics de malformations expliquent la grande majorité des arrêts de grossesse provoqués de 2e et 3e trimestre, dits tardifs.

Certaines complications possibles énumérées sur la page SUIVI OBSTÉTRICAL, pourraient malheureusement survenir pendant votre grossesse gémellaire ou multiple. Dans ces situations, l'équipe médicale pourrait vous proposer l'interruption sélective de grossesse afin de protéger un des bébés. 

Il est aussi fréquent que la grossesse multiple soit le fruit de longs mois ou d’années de parcours en clinique de fertilité ou d’une grossesse tardive longuement attendue. De ce fait, l’arrêt spontané ou provoqué de la grossesse ne sera pas vécu de la même manière selon lequel elle s’est concrétisée ou vécue par la femme enceinte et le couple. 

-Shanie Lapointe, doula à la fertilité, deuil périnatal et interruption de grossesse

L'INTERRUPTION SÉLÉCTIVE DE GROSSESSE

Le choix de recourir à une interruption sélective est profondément personnel, lié à ses valeurs et au contexte de vie. En dernier ressort, il revient toujours à la personne enceinte de prendre la décision.

Une fois la décision prise, il peut être aidant de préparer un plan d'interruption de grossesse, à l'image d'un plan de naissance. Celui-ci peut préciser les interventions souhaitées ou à éviter, les personnes présentes, ou encore la possibilité de voir et de toucher le bébé. Il est démontré que la présence d'une personne de soutien (physique et/ou émotionnel) diminue la douleur perçue, parfois même sans recours aux médicaments.

Chaque centre a ses protocoles, mais ce vécu ne se limite pas au biomédical : il fait partie de votre histoire. Vous avez le droit de poser des questions, de faire valoir vos choix et de demander du respect.

Suite à une interruption de grossesse, plusieurs émotions sont possibles telles que l'euphorie, le deuil, le soulagement, la colère, le déni, la tristesse, incluant de l'inquiétude pour le ou les autres bébés.

Pour les interruptions tardives, les émotions seront les mêmes que pour la personne enceinte, mais les démonstrations seront souvent différentes. Beaucoup de partenaires se réfugient dans le travail, le sport ou d'autres façons de se changer les idées face au deuil. Enfin, il arrive souvent qu’ils se sentent coupable face à la détresse de sa conjointe de ne pas avoir pu protéger les bébés ou sa conjointe. 

 

Il est important de trouver le temps de le vivre et de s’occuper des émotions que la perte suscite en vous. Pour beaucoup de personnes, parler de l’être/des bébés disparus avec une personne de confiance et faire un rituel sont des façons qui aident à traverser cette période difficile. Les rituels sont très différents selon les valeurs, croyances et personnalités de chacun-e: un tatouage, passer du temps avec une amie qui a un bébé, planter un arbre, écrire une lettre au foetus en sont quelques exemples.​

Dans certains cas, l'interruption sélective ne concerne qu'un des bébés, et l'autre poursuit la grossesse. Cela peut entraîner un tourbillon d'émotions et demande un accompagnement spécialisé.

  • Orientation vers un centre spécialisé : pour un suivi périnatal adapté

  • Surveillance du jumeau survivant : échographies, Doppler, parfois IRM

  • Moment de l'accouchement : selon la stabilité fœtale

  • Soutien émotionnel : le deuil d'un bébé est réel, même quand l'autre vit
     

Cette réalité touche de nombreux parents de jumeaux ou triplés. Parlez-en à votre équipe de soins. Si vous avez besoin de soutien ou de ressources spécifiques, nous vous recommandons notre page sur le DEUIL PÉRINATAL, qui traite sur la perte d'un bébé pendant une grossesse gémellaire ou multiple. 

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1- Conserver l'ensemble des foetus

2- Réduire à une grossesse unique ou gémellaire

3- Interrompre la grossesse

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PRISE EN CHARGE LORS DE LA PERTE D'UN JUMEAU PENDANT LA GROSSESSE

Pendant votre grossesse gémellaire ou multiple, il est possible que vous ayez recours à l'interruption sélective dû à une anomalie chez un des bébés, et que seulement un bébé poursuit la grossesse. Cette situation peut entraîner un mélange d’émotions intenses et nécessite souvent un accompagnement médical et psychologique attentif. Assurez-vous d'être bien entourés et voici quelques pistes de ce qui se passera dans les prochaines semaines.

  • Notez vos questions avant les rendez-vous médicaux pour ne rien oublier

  • Entourez-vous d'au moins une personne de confiance (famille, ami-e, accompagnante)

  • Créez un espace de mémoire : lettre, photo, dessin, bijou, plantation, etc.

  • Exprimez-vous : écrivez, parlez, criez si nécessaire

  • Recherchez un groupe de soutien, virtuel ou présentiel

  • Donnez-vous le droit d'aller bien un jour, et mal le lendemain

Lorsqu’un jumeau décède, cela peut affecter directement le jumeau survivant, notamment par des variations de pression ou d’oxygène dans le placenta, pouvant causer des séquelles neurologiques. Un suivi rapproché permet de limiter les risques et de planifier les soins adaptés.

LES IMPACTS ÉMOTIONNELS À LONG TERME

La réduction embryonnaire peut être traumatisante pour la mère et son ou sa partenaire. Le retentissement psychologique varie d'une personne à l'autre, mais un soutien professionnel est souvent utile.

Au sein du couple, les réactions peuvent être très différentes. D'où l'importance d'une communication ouverte et régulière.

Si vous avez d'autres enfants, il peut être aidant de leur expliquer, selon leur niveau de compréhension, ce que vous traversez. Cela les aide à comprendre que votre tristesse n'est pas de leur faute. Des livres pour enfants abordent le thème du deuil périnatal.

Le deuil périnatal est souvent minimisé socialement, car il est "invisible". Pourtant, il touche au cœur de l'identité parentale. La réduction modifie le projet familial. On passe d'une vision à trois enfants à deux, ou d'un couple de jumeaux à un enfant unique. Cela a un impact. Même choisie, la réduction peut être difficile à assumer. Et il faut du temps pour apprivoiser cette réalité.

Parler, pleurer, ritualiser : chaque chemin est légitime et personnel.

Saviez-vous que la réduction embryonnaire peut mener à un deuil périnatal? 

Connaissez-vous bien votre type de grossesse gémellaire?

LIENS INTÉRESSANTS À CONSULTER:

Source: La maison des maternelles

Source: Radio-Canada

Sources :

  • Agence de la Santé publique du Canada, Fertilité, 2013.

  • Coalition pour le droit à l’avortement au Canada, 2018

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